Ligne directrice GC 3450 : Les dérivés incorporés

Fournit des précisions supplémentaires sur les politiques comptables du gouvernement du Canada relatives aux dérivés incorporés.
Modification : 2023-10-31

Renseignements supplémentaires

Directive :

Législation et règlements :

Terminologie :

Hiérarchie

Version imprimable XML

1. Aperçu

La nouvelle norme comptable SP 3450 Instruments financiers exige que certains contrats soient examinés afin de recenser les dérivés incorporés qui pourraient nécessiter un traitement comptable distinct (SP 3450.14).

Un dérivé incorporé est une disposition d’un contrat qui fait varier les flux de trésorerie, soit sur la base d’une mesure sous-jacente, comme un indice d’inflation, un taux de change ou un prix de marchandise, soit en raison d’un terme facultatif. Cette disposition est appelée « dérivé incorporé » si elle répond à la définition d’un dérivé autonome.

Les dérivés incorporés ont les mêmes caractéristiques que les dérivés, mais ils sont incorporés dans un contrat hôte. Les dérivés incorporés modifient la manière dont le risque est réparti entre les parties au contrat. De telles dispositions se retrouvent dans de nombreux types de contrats hôtes, comme les contrats de location, les contrats d’assurance et les contrats d’achat pluriannuels. Par exemple, un contrat de location comportant des augmentations de loyer futures fondées sur l’indice des prix à la consommation (IPC) est un contrat hôte avec un dérivé incorporé, par lequel le bailleur transfère le risque d’inflation au locataire.

Le contrat hôte peut être un contrat financier ou non financier qui relève de la portée du chapitre SP 3450. Il convient d’identifier les dérivés incorporés dans ces contrats hôtes. Toutefois, ils ne sont comptabilisés séparément en tant que dérivés que lorsque leurs caractéristiques économiques ne sont pas étroitement liées à celles du contrat hôte.

Le présent document explique quels contrats sont visés par le chapitre SP 3450 et donne un aperçu des caractéristiques courantes des flux de trésorerie variables qui peuvent indiquer l’existence de dérivés incorporés et de la question de savoir si ces contrats sont étroitement liés au contrat hôte.

1.1 Échéancier

Ces exigences s’appliquent prospectivement uniquement aux nouveaux contrats conclus à partir du 1er avril 2022, ou aux modifications apportées aux contrats existants lorsque la modification entraîne une modification importante des flux de trésorerie aux termes du contrat après le 1er avril 2022.

1.2 Importance

Les ministères doivent examiner tous les contrats d’une valeur de 10 millions de dollars ou plus. Il n’est pas nécessaire d’appliquer les méthodes comptables aux éléments non significatifs. Les ministères peuvent établir un seuil pour les contrats d’une valeur de moins de 10 millions de dollars en fonction de leur importance relative.

2. Portée de l’examen du contrat (SP 3450.03-.08)

Les contrats qui sont exclus du champ d’application du chapitre SP 3450 n’ont pas besoin d’être examinés pour les dérivés incorporés.

2.1 Contrats d’achat ou de vente de biens ou de services

Le diagramme suivant peut servir à décider d’examiner ou non les contrats d’achat ou de vente de biens ou de services pour les dérivés incorporés.

Figure 1 : diagramme pour déterminer s’il est nécessaire d’évaluer les contrats pour les dérivés incorporés
Figure 1. Version textuelle ci-dessous:
Figure 1 - version textuelle
  • Le contrat dépasse-t-il le seuil d’importance établi?
    • Si non, aucune autre mesure n’est requise.
    • Si oui, le contrat est-il un contrat de marchandises* ou un accord de partenariat public-privé?
      • Si oui, évaluer le contrat pour les dérivés incorporés ou comme un dérivé autonome.
      • Si non, le contrat est-il un contrat « pour utilisation par l’entité » ou un contrat pour lequel les paiements sont fondés sur les volumes des ventes ou des recettes de l’une des parties au contrat?
        • Si non, évaluer le contrat pour les dérivés incorporés ou comme un dérivé autonome.
        • Si oui, aucune autre mesure n’est requise.

* Les entités ont la possibilité d’analyser d’abord le contrat de marchandise, comme décrit ci-dessous, c’est-à-dire que les quantités ne dépassent pas les besoins d’achat ou d’utilisation de l’entité, pour déterminer s’il répond à la définition d’un contrat pour utilisation par l’entité afin d’exclure le contrat de l’examen des dérivés incorporés.

Les marchandises sont des produits de base ou des matières premières qui peuvent être achetées, vendues ou échangées. En tant que produits de base, les produits comme le pétrole, les métaux et les produits agricoles sont interchangeables avec d’autres biens de la même catégorie.

Le paragraphe A13 du chapitre SP 3450 stipule que :

« Certains contrats d’achat ou de vente d’éléments non financiers qui peuvent faire l’objet d’un règlement net ou être réglés par l’échange d’instruments financiers, ou dont l’élément non financier est facilement convertible en trésorerie, entrent dans le champ d’application du présent chapitre comme s’il s’agissait d’instruments financiers. »

Étant donné que les produits de base sont facilement convertibles en trésorerie, les contrats d’achat ou de vente de produits de base peuvent être des dérivés dans leur intégralité ou ne pas bénéficier de l’exemption relative à l’utilisation propre par l’entité. Par conséquent, il est conseillé d’inclure de tels contrats dans l’examen des contrats.

Tableau 1 : types de contrats exclus de la portée de l’examen des dérivés incorporés
Type de contrat Description
Contrats « pour utilisation par l’entité »
(SP 3450.03p))
Contrats d’achat ou de vente d’éléments non financiers lorsque les quantités sont conformes aux exigences d’achat, de vente ou d’utilisation prévues par le ministère. Cela englobe :
  • Les contrats de biens ou de services achetés conformément aux exigences d’achat ou d’exploitation du Ministère, c’est-à-dire les contrats conclus dans le but de prendre la livraison physique des biens ou des services prévus au contrat.
  • Contrats de vente conclus dans le but d’effectuer la livraison physique des biens ou des services en vertu du contrat, y compris les contrats de frais d’utilisation pour les services fournis aux clients.

Remarque : Selon le paragraphe .005 du chapitre SP 3450, les contrats pour l’achat ou la vente d’éléments non financiers lorsque les quantités dépassent les besoins d’achat, de vente ou d’utilisation de l’entité pour lesquels il est possible de faire un règlement net, en trésorerie ou selon un autre instrument financier plutôt que d’accepter la livraison physique, ne sont pas des contrats pour utilisation par l’entité et sont visés par le chapitre SP 3450.

Contrats liés au volume
(SP 3450.03m))
Contrats qui exigent des paiements en fonction de volumes déterminés de ventes ou de revenus de service d’une des parties au contrat et qui ne sont pas négociés en bourse.

2.2 Contrats dans le champ d’application du SP 3450

Un examen des dérivés incorporés devrait être effectué pour les types de contrats suivants si la valeur du contrat dépasse le seuil d’importance relative établi :

  1. Les contrats financiers, comme les prêts, les placements de portefeuille, les dettes contractées sur les marchés et les garanties d’emprunt;
  2. Les baux, comme les contrats de location-exploitation et les contrats de location-acquisition;
  3. Les contrats non financiers, comme les :
    • Contrats d’achat ou de vente où les quantités dépassent les exigences d’achat, de vente ou d’utilisation et peuvent faire l’objet d’un règlement net (aucune livraison physique);
    • Contrats sur marchandises;
    • Contrats de partenariat public-privé (PPP);
    • Contrats d’assurance;
    • Contrats comportant des paiements fondés sur une variable climatique ou géologique.

3. Identification et évaluation des dérivés incorporés

3.1 Identification des dérivés incorporés dans les contrats hôtes (SP 3450.A18-A24)

Lorsqu’il est déterminé qu’un contrat faisant l’objet d’un examen relève du champ d’application de SP 3450, il doit être évalué pour les dérivés incorporés.

Un contrat pourrait comprendre des dérivés incorporés s’il y a un changement des flux de trésorerie contractuels :

  1. en raison de caractéristiques de prix fondées sur une variable sous-jacente;
  2. en raison de caractéristiques facultatives du contrat.

3.1.1 Voici quelques exemples de variation des flux de trésorerie contractuels en raison des caractéristiques de prix fondées sur une variable sous-jacente :

  1. Devise étrangère : les flux de trésorerie varient selon le taux de change. Évaluer si la devise est :
    • la monnaie fonctionnelle de la contrepartie;
    • la monnaie dans laquelle les transactions commerciales pour le bien ou le service sont couramment libellées mondialement; ou
    • une monnaie couramment utilisée dans les contrats d’achat ou de vente d’éléments non financiers dans l’environnement économique de la transaction.
  2. Indice lié à l’inflation : flux de trésorerie ajustés selon :
    • les indices liés à l’inflation fondés sur les taux canadiens ou non canadiens; ou
    • l’inflation avec l’effet de levier et les ajustements de l’indice des prix à la consommation (facteur supérieur à 2).
  3. Flux de trésorerie ajustés par toute autre variable sous-jacente (par exemple, le prix des actions, le prix d’une marchandise, l’indice des taux d’intérêt, le risque de crédit d’un tiers, la bourse, etc.).
  4. Règlement autorisé avec une contrepartie autre qu’en trésorerie dont la valeur change avec une variable sous-jacente (c’est-à-dire avec des bons de souscription, des options d’une société, des actions ou des marchandises).

3.1.2 Voici quelques exemples de modification des flux de trésorerie contractuels en fonction des caractéristiques facultatives du contrat :

  1. Flux de trésorerie qui sont modifiés par un prix plafond ou plancher. Évaluer si le plafond est supérieur ou inférieur au taux du marché et/ou si le plancher est inférieur ou supérieur au taux du marché.
  2. Option d’achat, de vente, de remboursement anticipé ou de rachat qui exige le paiement d’une pénalité :
    • fixe;
    • variable en fonction des taux d’intérêt actuels ou d’une autre variable.
  3. Option(s) de prolongation de terme. Déterminer si cette option est à un taux du marché ou ne l’est pas.
  4. Caractéristiques ou formules de taux d’intérêt complexes qui calculent les flux de trésorerie contractuels. Évaluer si le détenteur ne recouvre pas sensiblement son investissement ou reçoit un rendement au moins deux fois supérieur au rendement du marché.
  5. Conditions permettant le transfert du risque de crédit d’un actif de référence. Déterminer si cela est lié à la solvabilité du débiteur.

3.1.3 Évaluation visant à déterminer si le dérivé incorporé est étroitement lié au contrat hôte (SP 3450.A25-A26).

Tous les contrats contenant des provisions présentant les caractéristiques d’un dérivé incorporé ne justifient pas la comptabilisation du dérivé incorporé et l’évaluation de sa valeur. Un dérivé incorporé est étroitement lié au contrat hôte lorsqu’il a les mêmes caractéristiques économiques que le contrat hôte, par conséquent, il n’a pas besoin d’être comptabilisé comme un instrument dérivé distinct. En plus des exemples fournis dans le SP 3450.A25-A26, les exemples suivants indiquent que les contrats hôtes avec des dérivés incorporés sont étroitement liés ou non.

Tableau 2 : exemples de dérivés incorporés dans les contrats hôtes
Type de contrat hôte Dérivés incorporés étroitement liés au contrat Dérivés incorporés non étroitement liés au contrat
Prêt à taux d’intérêt variable Le taux d’intérêt variable est plafonné à 4 % – le taux d’intérêt du marché à l’entrée en vigueur est de 3 % (en
deçà du plafond).
Le taux d’intérêt variable est plafonné à 2 % – le taux d’intérêt du marché à l’entrée en vigueur est de 3 % (au-dessus du plafond).
Prêt avec option de remboursement anticipé Option de remboursement anticipé à la valeur nominale du prêt plus les intérêts courus (égal au coût amorti du prêt). Option de remboursement anticipé à 110 % de la valeur nominale du prêt, plus les intérêts courus (n’est pas égal au coût amorti du prêt).
Passif-dépôts Paiements d’intérêts liés à un indice de taux d’intérêt. Paiements d’intérêts liés à un indice de capitaux propres ou de marchandises.
Contrat de location de bâtiments Paiements annuels fondés sur l’IPC. Paiements annuels fondés sur 2 x IPC; ou paiements annuels fondés sur un indice d’inflation non canadien.
Contrat d’exécution pour l’achat de cuivre en devises étrangères (contrat sur marchandises)
Remarque : si ce contrat répond à la définition d’un dérivé autonome, l’ensemble du contrat est mesuré à la juste valeur.
Les paiements sont en dollars américains, la monnaie dans laquelle les prix du cuivre sont habituellement libellés dans le monde entier. Les paiements sont en yens japonais, qui ne sont pas l’un des suivants :
  • la monnaie fonctionnelle de l’une ou l’autre des parties au contrat;
  • la devise dans laquelle les transactions pour ce service sont couramment libellées dans le monde entier;
  • la devise de l’environnement économique dans lequel la transaction a eu lieu.

4. Exigences comptables pour les dérivés incorporés

Ce diagramme donne un aperçu des exigences comptables pour les dérivés incorporés.

Figure 2 : diagramme permettant de déterminer les exigences comptables s’appliquant aux dérivés incorporés
Figure 2. Version textuelle ci-dessous:
Figure 2 - version textuelle
  • Les caractéristiques économiques et les risques du dérivé incorporé sont-ils étroitement liés au contrat hôte?
    • Si oui, ne pas séparer les dérivés incorporés du contrat hôte.
    • Si non, le contrat hybride sera-t-il évalué à sa juste valeur?
      • Si oui, ne pas séparer les dérivés incorporés du contrat hôte.
      • Si non, séparer le dérivé incorporé du contrat hôte et comptabiliser en tant que dérivé.

* Les entités ont la possibilité d’analyser d’abord le contrat de marchandise, comme décrit ci-dessous, c’est-à-dire que les quantités ne dépassent pas les besoins d’achat ou d’utilisation de l’entité, pour déterminer s’il répond à la définition d’un contrat pour utilisation par l’entité afin d’exclure le contrat de l’examen des dérivés incorporés.

4.1 Dérivé incorporé étroitement lié au contrat hôte

S’il est déterminé que le dérivé incorporé est étroitement lié au contrat hôte au début, il n’est pas séparé du contrat hôte et il n’y a pas d’autres exigences comptables (SP 3450.A19-.A26).

Il est interdit de procéder à une réévaluation subséquente du dérivé incorporé, à moins que des modifications ne soient apportées au contrat qui altèrent de façon significative les flux de trésorerie (SP 3450.A21).

4.2 Dérivé incorporé non étroitement lié au contrat hôte

Lorsqu’il a été déterminé que le dérivé incorporé n’est pas étroitement lié au contrat hôte (SP 3450.A25), deux options comptables sont disponibles :

  1. Mesurer le contrat composé (hybride) à la juste valeur au début et tout au long de sa durée de vie (SP 3450.A22). Les dérivés incorporés dans des instruments financiers classés dans la catégorie de la juste valeur ne sont pas séparés (SP 3450.A19c)); ou
  2. Séparer le dérivé incorporé et le comptabiliser séparément en tant que dérivé autonome, pourvu qu’un instrument distinct avec les mêmes termes que le dérivé incorporé réponde à la définition d’un dérivé (SP 3450.A19(b)).

4.3 Exigences comptables pour les dérivés

Appliquer les exigences comptables pour les dérivés dans le chapitre SP 3450 comme suit :

  1. Déterminer la juste valeurVoir la note en bas de page 1 du contrat hybride ou de la fonction incorporée au début (SP 3450.A24) et continuer de mesurer le dérivé à la juste valeur tout au long de la durée du contrat.
  2. Comptabiliser l’actif dérivé ou le passif dérivé dans l’état de la situation financière.
  3. Présenter les gains ou pertes de juste valeur non réalisés sur le produit dérivé dans l’état des gains et pertes de réévaluation jusqu’au règlement, à l’exception des gains et des pertes de change non réalisés qui sont comptabilisés directement dans l’état des résultats (selon le choix de la méthode comptable du gouvernement du Canada).

Veuillez communiquer avec le Bureau du contrêleur général pour connaître les exigences de codage précises.

5. Définitions

Option d’achat ou de vente
Une option d’achat ou de vente d’actifs à un prix convenu au plus tard à une date donnée.
Dérivé étroitement lié
Un dérivé incorporé est étroitement lié au contrat hôte lorsque ses risques et ses caractéristiques économiques, comme les changements de la juste valeur, sont semblables au risque et aux caractéristiques économiques du contrat hôte.
Dérivé
Un dérivé est un instrument financier qui réunit les trois caractéristiques suivantes :
  • sa valeur fluctue en fonction de l’évolution d’un taux d’intérêt, du prix d’un instrument financier, du prix d’une marchandise, d’un cours de change, d’un indice de prix ou de cours, d’une notation ou d’un indice de crédit, ou d’une autre variable spécifiée (qu’on appelle parfois le « sous-jacent »), à la condition, s’il s’agit d’une variable non financière, que la variable ne soit pas propre à l’une des parties au contrat;
  • il ne requiert aucun placement net initial ou encore requiert un placement net initial inférieur à celui qui serait nécessaire pour d’autres types de contrats dont on pourrait attendre des réactions similaires aux évolutions des facteurs de marché;
  • il sera réglé à une ou des dates futures.
Contrat hôte
Contrat actuellement évalué pour l’existence de dérivés incorporés.
Contrat hybride
Un contrat hybride (combiné) est un contrat qui comprend à la fois un contrat hôte non dérivé et un dérivé incorporé, avec pour effet que certains des flux de trésorerie de l’instrument combiné varient d’une manière semblable à un dérivé autonome.
Règlement net
Le règlement net est une méthode de règlement utilisée lorsque le vendeur (ou l’acheteur) d’un élément ne livre pas (ou n’achète pas) l’actif réel (physique), mais plutêt échange (paie) la valeur monétaire associée en fonction de la variation de la juste valeur.
Contrepartie autre qu’en trésorerie
Contrepartie reçue ou à recevoir sous une forme autre qu’en trésorerie. Cela comprend généralement les options, les actions, les bons de souscription ou les actifs non financiers, comme l’équipement ou le matériel.
Date de modification :